La fin du rêve · #08/52

Après dix-sept années passées à faire des rêves sponsorisés toutes les nuits, Nathan et Nina tentent de retrouver leurs souvenirs perdus.

Aussi attentif soit-il, Nathan ne vit pas la rocket arriver à sa droite et venir frapper l’arrière de son hélicoptère de combat. L’explosion mit tout l’appareil en branle, le fit tourner sur lui-même plusieurs fois. À moitié assommé, le pilote se détacha et sauta en parachute au-dessus de l’immensité du Pacifique. La toile se déplia sans encombre.

Accroché au harnais, Nathan se laissa descendre, le cœur battant. Il atterrit tout en légèreté sur une plage dorée, fermée d’un côté par une magnifique forêt de palmiers et de l’autre par une mer turquoise. Couvert de suie, son treillis en lambeaux, le soldat détacha son parachute et avança. Deux femmes au teint hâlé, presque nues, sirotaient une boisson servie dans une noix de coco, allongées sur le sable. Nathan s’approcha d’elles, elles sourirent. Il saisit la moitié de noix de coco qu’on lui tendait et but à son tour.

Une musique d’ambiance exotique retentit, tandis qu’une voix suave et féminine d’origine inconnue s’éleva : Au cœur de l’action ? Détendez-vous… avec le nouveau Maze Coco.

*

Dans son lit, Nathan ouvrit les yeux. Le réveil affichait exactement 07h00. Encore à moitié endormi, il tendit les bras et réalisa que sa femme, Nina, n’était pas là. Elle avait dû se lever avec un peu d’avance. Il se redressa et partit la retrouver à la cuisine.

– Bonjour, dit-il en bâillant.

Nina lui sourit, l’embrassa. Elle avait attaché ses cheveux en arrière et ne s’était pas encore maquillée. C’était comme ça qu’il la préférait.

Nathan prit quelques fruits sur la table, les lava et s’assit pour les découper.

– Tu as bien dormi ? lui demanda-t-elle.

– Assez. Mais le rêve a été… musclé.

– Laisse-moi deviner, dit Nina en souriant. Tu as encore rêvé de Maze Coco ?

Nathan soupira.

– Oui ! Pour la troisième fois cette semaine… et nous ne sommes que jeudi !

– On sent que c’est la fin.

Nina servit les cafés et continua :

– Moi, j’ai rêvé de Verde.

– La marque de thé vert ?

Elle confirma d’un signe de tête, tasse de café au bord des lèvres. Il ricana.

– Entre ça et les publicités pour les cours de yoga du mois dernier…

– Hé ! Tu as été bien content que je m’y mette, au yoga !

Il passa le bras autour de son cou et la tira vers lui.

– C’est vrai… mais pour rien au monde je ne préférerais tes rêves de belle trentenaire aux miens.

– Alors là, tes rêves de macho viril, tu peux te les garder aussi ! En plus, ils mettent plein de filles nues dedans, non ?

– Mais non.

– Allez, avoue ! Je suis sûr que tes sponso sont remplis de nanas super bien roulées !

Une autre voix féminine s’interposa dans la conversation :

– Oh, arrêtez, vous êtes dégueulasses !

Mia venait d’entrer dans la pièce, cheveux en pagaille, son enceinte portable de type collier déjà positionnée sur ses épaules, prête à rugir.

– Mia, tu as seize ans, j’ai l’impression que ça fait quinze ans que je te dis qu’on n’écoute pas de musique à table, dit Nathan.

– Mais je n’en écoute pas, là ! s’offusqua l’adolescence.

– Non, mais tu as ton baladeur autour du cou.

Elle leva les yeux au ciel et enleva l’appareil de ses épaules. Nina lui servit un peu de café.

– Vous parliez de quoi ?

– De nos rêves sponsorisés.

– Ce truc malsain ! Ça s’arrête quand ?

Les parents s’échangèrent un regard. C’est seulement là qu’ils réalisèrent.

– C’était la dernière nuit, cette nuit !

– Mais non ! On est déjà le 15 ?

L’adolescente les regarda à tour de rôle.

– Vous êtes marrants, ça fait quoi, seize ans que vous faites des rêves sponsorisés ? Et ça ne vous préoccupe pas plus que ça que ça se termine ?

– Écoute, lui dit Nina. On a vécu comme ça depuis si longtemps qu’on trouve ça normal… ça va nous faire bizarre, c’est sûr. J’avais tout de même complètement oublié.

Nathan réfléchissait.

– Eh bien en fait, ça fait dix-sept ans, déjà. On a commencé après l’école, quand ta mère était enceinte de toi.

L’adolescente renifla, la bouche pleine de céréales, du lait dégoulinant du coin de sa bouche.

– Mange un peu proprement ! lui dit Nina.

– Maman j’ai plus huit ans putain.

Et ce fut au tour du père de s’énerver.

Les remarques furent de courte durée. Le trio dut rapidement aller se préparer pour la journée. Les parents craquèrent et laissèrent leur fille écouter sa musique préférée très fort dans la voiture. Au moins, dans ces moments-là, elle ne s’énervait pas. Ce n’est qu’une fois seuls tous les deux, après l’avoir déposée à l’école, que Nina et Nathan ne se parlèrent à nouveau.

– C’est fou de se dire qu’elle a seize ans, dit Nina.

– Oui, seize ans déjà. C’est l’âge qu’on avait quand on l’a eue, tu te rends compte ?

Nina ne répondit pas. Nathan, les mains sur le volant, la regarda du coin de l’œil avant de se concentrer sur la route à nouveau. Sa femme avait l’air soucieuse.

– Quelque chose ne va pas ?

– Non, c’est juste que… je n’arrive pas à me rappeler exactement…

– De ?

– De comment on l’a eue.

Nathan haussa les épaules.

– Eh bien… comme tout le monde j’imagine.

– Tu imagines ?

Il tenta de fouiller sa propre mémoire. Son cerveau était plein de publicités qu’il avait vues en rêve. Celles des boissons qu’il buvait, de la voiture qu’il conduisait, des vêtements qu’il portait. Il avait rêvé de la marque de son dentifrice – la publicité avait d’ailleurs été retirée, trop de gens ayant considéré comme cauchemardesque de voir apparaître un dentiste dans leur sommeil. Avant que le ciblage ne soit performant, il avait même rêvé des semaines entières de nourriture pour chat, sans posséder de chat. Mais au milieu de cette avalanche de contenus sponsorisés, ses propres souvenirs de plus de dix ans formaient une brume épaisse… impossible de fixer un moment, une image, un son, une odeur.

– Je ne me souviens plus… dut avouer Nathan à sa femme.

Nathan avait conduit machinalement jusqu’au lieu de travail de sa femme. Elle ouvrit la portière, mais lui dit avant de sortir :

– Écoute, c’est à cause de l’excès d’effets secondaires qu’ils arrêtent… alors ces souvenirs vont nous revenir ! Je suis sûre qu’on a plein de bons moments à se remémorer.

– J’ai hâte.

Elle sourit et se pencha vers lui pour l’embrasser.

Avant de redémarrer, Nathan soupira. De quoi allait-il rêver, cette nuit ?

*

Allongé sur le côté, les yeux fixés sur le réveil, Nathan n’arrivait pas à dormir. Le silence de la nuit n’était brisé que par le murmure aigu et indéchiffrable qui s’échappait des écouteurs de Nina, qui regardait une vidéo à côté de lui.

Nathan se tourna vers elle, faisant face à son visage enveloppé de la lumière bleue de l’écran qu’elle tenait en main au-dessus d’elle. Elle enleva une oreillette.

– Tu n’arrives pas à dormir ?

– Comme tu vois.

Elle se tourna un peu, lui caressa le visage.

– À quoi tu penses ? lui demanda-t-elle.

– Je pense à l’implant. Tu crois qu’ils vont nous l’enlever ?

– Je ne crois pas, non. Ils l’ont désactivé à distance, ça m’étonnerait qu’ils opèrent tout le monde pour nous les enlever…

– Tu dois avoir raison. Au niveau du crâne en plus…

Nathan se frotta les yeux et demanda :

– Et toi, à quoi tu penses ?

Nina éteignit son écran, le posa à côté d’elle. Se glissant contre son mari, elle répondit :

– Je me demande comment on va faire, sans le revenu publicitaire.

– Ah, ça, faire les courses sans notre réduction habituelle, ça va faire bizarre ! Mais c’est pour récupérer nos souvenirs… peut-être.

Elle se serra un peu plus contre lui et dit :

– Je suis sûr qu’on a plein de belles choses dont on va pouvoir se rappeler tous les deux !

– Moi aussi.

– On essaie de dormir ?

Nathan bâilla en guise d’approbation, mais ne parvint pas à dormir du tout. Cette première nuit sans rêve fut très longue.

*

– Vous en tirez, des gueules !

Aucun des parents de Mia n’eut le courage de répondre quoi que ce soit. L’adolescente haussa les sourcils, presque déçue de ne recevoir aucune remarque, et continua à mastiquer ses céréales.

– Je crois que je vais aller à l’école en bus, finit-elle par dire.

– Je pense que tu as raison, parvint à articuler Nathan, penché sur sa chaise, café à la main. Jamais la voiture ne me laissera conduire dans cet état. Elle va sonner et se mettre sur le côté en moins de deux.

– Exactement. Vous devriez dire que vous êtes malades et sauter le boulot ! dit-elle en se levant. À ce soir, les vieux !

La porte claqua. Nina s’effondra sur l’épaule de Nathan.

– Je veux dormir… pourquoi c’est maintenant que je veux dormir ?

– Je vais appeler le boulot, essayer de monnayer du télétravail pour aujourd’hui. Tu devrais faire la même chose.

Nathan ne reçut qu’un grognement en guise de réponse.

Plusieurs cafés plus tard, installés dans leur canapé pour travailler, mari et femme avaient retrouvé quelques couleurs. Nina finit à demander à Nathan s’il avait récupéré des souvenirs. Il répondit par la négative.

– J’ai regardé des vieilles photos pourtant. Je me rappelle de ces instants-là, mais pas de ce qui les entoure… ça reste flou.

C’était pareil pour Nina. Posant le livre qu’elle lisait, elle dit :

– Tu sais ce qu’on devrait faire, peut-être ?

– Dis-moi.

– J’ai regardé des vidéos hier soir, et…

Nathan levait déjà les yeux au ciel.

– … mais c’était intéressant ! Ils disaient que ce qui peut faire émerger des souvenirs, c’est d’avoir une activité de mise en situation ou qui rappelle la jeunesse…

– Bébé, je crois que tu es encore sous le coup des rêves Verde, yoga, développement personnel et compagnie !

– Moi je pense que ça peut marcher…

Elle avait le regard insistant. Qu’était-elle en train de sous-entendre ? Quand Nathan comprit, il se leva du canapé.

– Non, non, non, hors de question.

– S’il te plaît !

– On a déjà parlé de cette soirée, je n’ai pas envie d’y aller.

– Mais ça va être génial ! Toute la musique des années 2030. On va pouvoir remettre nos vêtements d’avant, danser sur nos chansons préférées !

Nathan ne parvenait pas à s’imaginer dans cette situation. Nina détenait cependant l’argument massue :

– Ça pourrait faire remonter nos souvenirs, Nathan. Se remettre dans le bain, revoir des gens…

Il se laissa tomber dans le canapé, elle s’approcha en souriant. La bouche près de l’oreille de son mari, elle dit :

– Je voudrais quand même me rappeler comment c’était, la première fois.

Il sourit. La saisissant par les épaules, il la tira fermement vers lui, la forçant à s’allonger contre lui. Avant de l’embrasser, Nathan dit :

– Probablement un peu comme ça.

*

La musique battait son plein et Nathan dut bien admettre qu’il s’amusait beaucoup. Les lumières dansaient sur les figures moites, les bras étaient tendus vers le plafond, les corps retrouvaient les sensations des vêtements de la jeunesse.

La nostalgie faisait son travail, envahissant les esprits, rappelant la tendresse des moments passés, mais qui resteraient gravés pour toujours, quelque part. Même enfouis très en profondeur, comme pour Nina et Nathan.

Le couple avait retrouvé des amis d’enfance à cette soirée 2030, perdus de vue depuis la fin de rhéto, dont un certain Damien. Cela avait ajouté une pierre en plus à l’édifice de la nostalgie qui se construisait là.

Damien et Nathan avaient été amis, à une époque. Ils ne s’étaient pas disputés. La vie avait suivi son cours, voilà tout. Alors qu’ils allaient se chercher un verre, Nina et Charlotte, la petite-amie de Damien, étaient restées sur la piste. À travers la musique, l’ami retrouvé cria :

– Tu bois quoi ?

– Pas d’alcool, un Maze Coco ! J’ai assez bu comme ça.

– Ça fait vraiment plaisir de vous revoir.

– À moi aussi ! répondit-il.

– C’est vraiment génial de voir que vous êtes toujours ensemble, avec Nina. L’amour de jeunesse, les débuts un peu… compliqués.

– Quoi ?

Nathan pensait avoir mal compris. Damien s’interrompit, emporté par le titre qui venait de démarrer.

– Oh ! Tu entends cette musique ? Génial !

Il commença à danser. La chanson troubla l’esprit de Nathan, lui évoqua des sensations. Il revécut soudain des bribes d’un voyage en Grèce, son voyage de rhéto. Des monuments, des hôtels. Des excursions en groupe ? Sûrement. Nina, toute jeune, qui lui tient la main. Des plages blondes… non, ça c’était la publicité Maze Coco.

Clignant des paupières, Nathan réapparut au milieu de la soirée.

– Ça va, vieux ? lui demanda Damien.

– En fait… j’ai du mal de me rappeler.

– Quoi ?

Nathan soupira. La musique, à cet instant, n’était que du bruit parasite. Il mit les mains en porte-voix pour dire plus fort :

– J’ai du mal à me rappeler ! Nina et moi, on a participé au programme de rêves sponsorisés, tu vois ?

Damien hocha la tête.

– Depuis longtemps ?

– Depuis l’école !

L’ami écarquilla les yeux.

– Et c’est vrai ce qu’on raconte ? Qu’ils arrêtent tout à cause des effets secondaires ?

– Je ne me rappelle rien avant mes vingt ans !

– Dur ! Mais alors, l’école… le voyage ?

– L’école, seulement quelques choses, quelques personnes… Je commence seulement à m’en rappeler, vieux. C’est une idée de Nina de venir ici, elle pense que ça va raviver nos souvenirs.

Damien finit son verre d’une traite, les yeux toujours grands ouverts.

– Il faut que je parle à Charlotte.

Il disparut dans la foule sans un autre mot.

Nathan but une gorgée et traversa lentement l’amas de danseurs en se dandinant un peu. Il retrouva Damien, une main sur l’épaule de Charlotte, en train de lui dire quelque chose à l’oreille. Elle semblait inquiète. Quand elle vit Nathan, elle dit quelque chose à son petit-ami, qui leva les yeux vers lui.

– C’est quoi ces cachotteries ? Où est Nina ?

Damien fuit d’abord son regard. Puis, d’un coup, il le fixa en plein visage.

– Frappe-moi ! lança-t-il.

Nathan rit, jusqu’à ce qu’il réalise que Damien ne plaisantait pas. Pas du tout.

– Frappe-moi, allez !

Damien poussa son ami, le faisant trébucher et bousculer d’autres personnes.

– T’es malade !

La musique changea. Celle-là, Nathan la connaissait. Il se rappela les monuments. La chaleur. Les excursions en groupe, beaucoup trop longues. Puis les sorties en douce, à vélo, dans l’air tiède des soirées grecques. Il se rappela de Nina, de la première fois qu’il l’avait vue en maillot de bain, de la façon dont il l’avait regardée de face, d’abord, puis de dos…

Le désir qu’il éprouva en souvenir fut si intense qu’il le sortit de sa rêverie et le ramena en soirée. Juste à temps pour voir arriver droit sur lui le poing de Damien, qui le terrassa.

Les gens crièrent, s’écartèrent. Au loin, les agents de sécurité commencèrent leur avancée, écartant les danseurs à bout de bras.

Nathan se releva, sonné, du sang dans la bouche.

La chanson bourdonnait dans ses oreilles, lui rappelant d’autres souvenirs. Il l’avait entendue à l’hôtel, le premier du voyage, au bord de la piscine. Nina. Nina en maillot de bain. Ses amis et lui, ricanant… et lui qui s’avance, lui met une main aux fesses qu’elle écarte.

Retour en soirée. Des bras musclés attrapèrent Nathan, tentèrent de le maintenir tête en bas, de l’empêcher de bouger. Du coin de l’œil, il vit qu’on faisait pareil à Damien. Il lui cria :

– C’est pour ton bien, putain, c’est pour ton bien.

Les agents les emmenèrent sans ménagement pour les mettre dehors. Charlotte apparut sur le trajet, Nathan entendit Damien lui demander :

– T’as fait sortir Nina ?

– Je ne la trouve pas, cria-t-elle, désespérée.

– Trouve-la, il faut la faire sortir. Fais-la sortir !

Où était Nina ? Nathan comprenait que quelque chose se jouait dans son dos. Damien avait voulu le faire sortir, et au fond de lui, la musique allant, les notes remuant son cerveau comme une cuiller pour faire remonter les souvenirs, il commençait à comprendre pourquoi. Les images n’étaient pas revenues, pas entièrement. Mais il se revit jeune, fier, irrespectueux, populaire. Il se revit convoiter Nina, lui tenir la main puis elle l’enlever. Il la revit le gifler, plusieurs fois.

– Bordel, qu’est-ce que j’ai fait ?

À un mètre de la sortie, entre deux notes de musique, un cri se fit entendre, quelque part. Nathan le savait : c’était sa femme.

– Nina !

Il parvint à s’extirper de sa veste pour échapper à l’agent, qui se retrouva tissu à la main, sa prise se fondant dans la foule.

– Nina !

Il fallait bousculer tout le monde, écarter ce mur de monde insouciant.

Nathan revit ses parents, ceux de Nina, elle et lui, à l’Agence. Le médecin responsable avait joué franc jeu :

– Vous êtes sûrs de vouloir vous inscrire au programme si jeunes, malgré le risque d’effets secondaires ?

La voix du père de Nina avait résonné dans le dos de Nathan. Lui l’avait regardée, assise à côté de lui, les yeux rougis par les larmes.

– Ils ont dix-sept ans, docteur, c’est nous qui décidons. Ils doivent entrer dans ce programme.

Retour dans la chaleur et l’obscurité interrompue de flashes de lumière. Nathan devait retrouver sa femme. Il l’aimait, il l’aimait tant. Et pourtant…

– Nina !

Les monuments, les excursions trop longues, les sorties à vélo, la piscine, les amis, Nina. Nina, Nina, Nina. La main sur ses fesses. La main dans sa main. La gifle. Le rendez-vous à l’agence, l’automne d’après. Et entre les deux ?

Un cercle s’était formé entre les danseurs. Nina était allongée sur le sol. Nathan s’approcha d’elle, la releva. Elle pleurait.

Une nouvelle chanson démarra.

La piscine, la gifle. L’alcool ramené en douce.

« Vous êtes sûrs de vouloir vous inscrire au programme si jeunes, malgré le risque d’effets secondaires ? »

Nina, les yeux rouges. Nina enceinte.

La piscine, la main, la gifle. L’excuse de la perte de clé pour qu’à la réception, on lui ouvre sa chambre. Nina dans le lit.

– Non…

Nathan saisit sa femme par les épaules. Son regard changeait. Il savait qu’elle se souvenait, maintenant.

– Pardon…

Nina dans le lit. Lui par-dessus. La main sur la bouche, les cris muets. Le silence.

– Pardon, Nina.

Elle le repoussa. Ce n’était plus son mari, en face d’elle. C’était un inconnu, un prédateur. Elle avait vécu dix-sept ans avec un prédateur, anesthésiée par la publicité permanente, étouffée par le rêve.

Le rêve était terminé.


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